Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
les plaines


MARIAGE


L’accord était conclu depuis Noël passé ;

Mais il fallait d’abord que mourût le grand-père,
Pour que ses six bonniers de belle et forte terre
Fussent le bien du fiancé.

L’aïeul est mort, et la noce aujourd’hui déploie
Sur l’ample mariée et la moire et la soie ;
Et le solide anneau, dont l’or scintille et bouge,
Orne l’index de sa main rouge.

L’homme apparaît massif en son habit de drap,
Le dos épais, le col lustré, le menton ras,
Et d’un geste superbe épongeant sur son seuil

L’âcre sueur de son orgueil.