Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
les plaines


LES TRAINS


 
Sur un chemin compact, de pierraille et de cendre,
À travers bois, taillis, fleuves, moissons et prés,
Sous les pâles matins ou les couchants pourprés,
Les trains quotidiens font le tour de la Flandre.

Ils vont, fumée au vent, sur leurs deux rails déserts,
Et chaque gare au loin leur semble être un refuge ;
Ils ont visité Lierre, Anvers, Termonde et Bruges,
Les fleurs de la Campine et les flots de la mer.

Jadis, on les voyait rouler presque avec crainte :
Les bœufs fuyaient là-bas ; les pigeons familiers
Désertaient les recoins de leurs blancs colombiers ;
La mort semblait peser où pesait leur empreinte.