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les plaines


Et la voici, vivante et requinquée :

Oh ! son collier étincelant
Et l’épingle de métal blanc
Dans son voile piquée,
Et ses souliers en cuir mollet,
Et sa ceinture à chapelet,
Et sa petite crinoline

Sous sa robe de mousseline !


Est-elle douce et fraîche et bénévole ainsi,

Dame jolie et naïve poupée,
Qu’un soin charmant tient occupée
Et qui regarde l’aube et regarde la nuit.
Au coin des bois, au cœur des plaines,

Tranquillement, avec ses yeux de porcelaine.


Les pauvres gens, tu le sais bien,

Benoîte amie et séculaire image,
Te prient et ne te cachent rien,
Puisque tu es de leur ménage.
Or, c’est en mai qu’ils ont besoin de toi
Tous à la fois ;
Un mois de mai hostile et noir
Fait basculer et fait descendre
Vers le néant l’espoir

De tous les bons semeurs de Flandre ;