Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.


TÉNÈBRES


La lune, avec son œil vide et glacé, regarde
L’hiver régner immense et blanc sur le sol dur ;
La nuit est d’un total et translucide azur ;
Le vent, comme un couteau, soudain, passe et poignarde.

Aux horizons, là-bas, les longs chemins du gel
Semblent, toujours plus loin, trouer les étendues,
Et les étoiles d’or jusqu’au Zénith pendues
Parmi l’éther, toujours plus haut, trouer le ciel.

Les villages blottis dans les plaines de Flandre,
Près des fleuves, des bruyères ou des grands bois,
Entre ces deux infinis pâles, tremblent de froid,
Autour des vieux foyers dont ils remuent la cendre.