Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LIMINAIRE


 
Avec son cœur qui demeure comme aux écoutes
Dans la plaine natale où son rêve se plaît,
Le gars va, vient, s’arrête et fait claquer son fouet
Et puis repart, sait-il vers où, par la grand’route.

Autour de lui, là-bas, les grands carrés de blé
Étincellent, tranquillement, sous la lumière ;
De hauts thyrses de fleurs montent près des chaumières ;
Un chêne énorme et seul dont les rameaux ailés
Se soulèvent et s’abaissent sur les pâtures
Semble garder le trésor clair des orges mûres ;
Un ruisselet rapide et vif comme le vent
Remplit le franc midi d’un bruissement vivant ;
Des attelages d’or traversent la campagne
Avec de grands harnais de cuivre et de soleil,