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œuvres de émile verhaeren
Devant sa massive prestance,

Et s’entêtent et s’effilent les voix,

Sur un signal de son omnipotence.


Mousses de chant qui s’échappent dans l’air,

De la coupe d’un gosier frêle,
Bulles, perles, miroitements, éclairs,
Sans nul effort qu’un battement des ailes ;
Frétillements de cris, fourmillements de sons,
Trilles en fleur, trilles en fête,
Ô les naïfs et doux pinsons,
Comme ils s’entêtent !
Le président, rougeaud et gros,
Fume toujours, et ne dit mot ;
Mais son oreille ardente écoute,
L’autre après l’un, chaque pinson
Tresser les brins de sa chanson.
Tous s’acharnent, aucun ne doute,
Car c’est à ceux qui, de leur cœur battant
Ont, en un même temps,
Tiré, le plus souvent, les mêmes notes,
Qu’on adjuge, — parfois, l’on vote —
Le prix dont sera fier, pendant un jour,

Le quartier d’une ville, ou le hameau d’un bourg.


Ô les petites voix lasses, mais obstinées,
Ô la fragile et babillante claironnée :