Page:Verhaeren - Émile Verhaeren, 1883-1896, 1896.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Toute la mort,
En des beffrois tonnants se lève ;
Toute la mort, surgie en rêves,
Avec des feux et des épées
Et des têtes, à la tige des glaives,
Comme des fleurs atrocement coupées.

La toux des canons lourds,
Les lourds hoquets des carions sourds
Mesurent seuls les pleurs et les abois de l’heure.
Les cadrans blancs des carrefours obliques,
Comme des yeux en des paupières,
Sont défoncés à coups de pierre :
Le temps normal n’existant plus
Pour les cœurs fous et résolus
De ces foules hyperboliques.

La rage, elle a bondi de terre
Sur un monceau de pavés gris,
La rage au clair, avec des cris
Et du sang neuf en chaque artère,