Page:Verhaeren - Émile Verhaeren, 1883-1896, 1896.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.


La rame dernière cassa
Que le courant chassa
Comme une paille, vers la mer.
 
Le passeur d’eau, les bras tombants,
S’affaissa morne sur son banc,
Les reins rompus de vains efforts ;
Un choc heurta sa barque à la dérive
Il regarda, derrière lui, la rive ;
Il n’avait pas quitté le bord.
 
Les fenêtres et les cadrans,
Avec des yeux béats et grands
Constatèrent sa ruine d’ardeur ;
Mais le tenace et vieux passeur
Garda quand même pour Dieu sait quand !
Le roseau vert entre ses dents.

(LES VILLAGES ILLUSOIRES).