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Les fenêtres, avec leurs yeux,
Et le cadran des tours, sur le rivage,
Le regardaient peiner et s’acharner,
En un ploiement de torse en deux
Et de muscles sauvages.
 
Une rame soudain cassa
Que le courbant chassa,
À vagues lourdes, vers la mer.
 
Celle, là-bas, qui le hélait
Dans les brumes et dans le vent, semblait
Tordre plus follement les bras
Vers celui qui n’approchait pas.
 
Le passeur d’eau, avec la rame survivante
Se prit à travailler si fort
Que tout son corps craqua d’efforts
Et que son cœur trembla de fièvre et d’épouvante.
 
D’un coup brusque le gouvernail cassa —
Et le courant chassa
Ce haillon morne, vers la mer.