Page:Verhaeren - Émile Verhaeren, 1883-1896, 1896.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Les ruisselets qui lavent toutes fautes
Coulent autour des gazons frais ;
L’agneau divin, avec sa croix, s’endort auprès,
Tranquillement, parmi les berges hautes.

L’herbe est heureuse et la haie azurée
De papillons de verre et de bulles de fruits ;
Des paons courent au long des buis ;
Un lion clair barre l’entrée.

Des fleurs droites, comme l’ardeur
Extatique des âmes blanches
Fusent, en un élan de branches,
Vers leur splendeur.

Un vent très lentement ondé
Chante une extase sans parole ;
L’air filigrane une auréole
À chaque disque émeraudé.