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Les exalter parmi le vent et l’étendue.
La force vierge est sur les cimes répandue ;
Elle y est rude et ferme, et s’y roidit en rocs ;
Elle circule ardente et large autour des blocs
De schiste et de granit que décorent les mousses,
Laissez la se glisser sans hâte et sans secousse
En vos membres et s’en aller vers votre cœur
Y instaurer de muscle en muscle un sang meilleur.
Que règnent vos regards dans la haute lumière
Pour contempler de là les choses coutumières,
Les campagnes ici, et les villes, là-bas !
Les passions médiocres n’habitent pas
Un front que l’air lucide et pur baigne sans cesse.
L’âme s’y trempe et vainc et bannit sa tristesse
Et sa misère ancienne et ses gestes dolents.