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LES VARIATIONS DE L’ÉQUILIBRE THERMODYNAMIQUE.

et l’on tracerait des courbes de saturation exactement comme sur la figure 12 ; mais ces courbes ne seraient plus isobares : à chacun de leurs points correspondrait une valeur de comme il vient d’être dit.

Cette discussion n’offre guère, d’ailleurs, qu’un intérêt purement théorique. En effet, nous avons fait, un peu plus haut, l’observation importante que les phénomènes de solidification dépendent toujours assez peu de la pression. Il en résulte qu’il est pratiquement légitime, pour tracer les courbes de saturation des solutions aqueuses d’un sel, d’opérer, comme on le fait habituellement, envase ouvert à l’air libre, sans se préoccuper de la pression partielle que devrait avoir la vapeur d’eau dans l’atmosphère pour se trouver en équilibre avec la solution saturée[1].


30. Cas plus complexes : Les deux corps donnent un composé défini. — Au paragraphe précédent nous avons envisagé deux composants A et B miscibles en toutes proportions à l’état liquide, ne présentant aucune miscibilité à l’état solide et non susceptibles de réagir chimiquement. La solution saturée des deux corps l’un dans l’autre laissait alors déposer, suivant sa concentration, soit le solide A pur, soit le solide B pur.

Mais il peut parfaitement arriver que, tout en n’étant pas miscibles à l’état solide, c’est-à-dire en étant incapables de donner une solution solide de titre variable, les deux composants A et B puissent, en réagissant l’un sur l’autre, donner un composé chimique de formule bien déterminée (donc de titre constant), que la solution liquide saturée pourra, dans certaines conditions de concentration, laisser précipiter par refroidissement.

C’est un cas qui est par exemple présenté par les solutions dans l’eau d’un sel S capable de donner un hydrate S + nH2O. Suivant la

  1. On devrait encore signaler une légère alteration possible de l’équilibre provenant de ce que les gaz de l’air ne sont pas rigoureusement des gaz neutres pour le système, car ils y sont un peu solubles, et modifient donc légèrement les potentiels chimiques par leur action de présence. Cette altération reste, elle aussi, pratiquement négligeable.

    Les diverses observations qui terminent le présent paragraphe trouvent leur application dans tous les phénomènes de solidification, notamment dans ceux qui seront étudiés aux paragraphes 30 et 32. Nous ne les y répéterons pas.