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H. VERGNE ET J. VILLEY.

saturation BC correspond au dépôt solide de KCl pur ; la courbe de saturation AC correspond au dépôt de glace pure (qui, aux basses températures et pour les faibles concentrations, précipite pour son compte). L’eutectique correspondant au point C est quelquefois désigné sous le nom de « cryohydrate ».

La figure 12 a été tracée, rappelons-le, pour une pression bien déterminée (d’ailleurs quelconque) destinée à rendre le système univariant. Si l’on fait varier cette pression choisie les courbes de saturation AC et BC se modifient. C’est-à-dire que les phénomènes de solidification que nous étudions en ce moment dépendent de la pression, la règle des phases le prouve. Mais, d’une façon générale, ils en dépendent assez peu, parce que la variation de volume qui les accompagne est petite. Les courbes de saturation tracées pour la pression atmosphérique représentent donc encore approximativement les phénomènes pour une pression notablement différente.

Une autre remarque peut être faite. Pour le tracé des courbes de saturation, nous avons supposé que le système ne comporte que deux phases, la solution liquide et le solide (A ou B) en excès ; il n’a pas été question de phase gazeuse. C’est ce qui se passerait rigoureusement si le sytème était enfermé dans un cylindre par un piston mobile appliqué exactement à la surface du liquide. La supposition est encore pratiquement légitime, même dans le cas d’un récipient librement ouvert à l’atmosphère, si la volatilité des deux composants A et B est nulle ou négligeable, par exemple pour un mélange de deux métaux fondus ; alors l’air n’est pas une phase gazeuse du système, c’est seulement un milieu neutre dont le rôle est d’exercer sur lui la pression atmosphérique

La même supposition semble, au moins à première vue, moins légitime pour le système (KCl—H2O) envisagé plus haut, parce qu’alors le solvant (eau) est volatil.

Si l’on voulait, dans ce cas, étudier de près l’équilibre du système à trois phases (alors univariant), on l’imaginerait réalisé dans une enceinte fermée ne contenant rien d’autre que les deux composants. La phase gazeuse serait alors constituée exclusivement par de la vapeur d’eau, et sa pression se réglerait spontanément, par vaporisation ou condensation, à la valeur qu’exige chaque valeur de la température conformément à l’univariance du système. À chaque valeur de correspondrait aussi un titre pour la solution liquide,