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LES VARIATIONS DE L’ÉQUILIBRE THERMODYNAMIQUE.

arrivé au point C, le point figuratif de la solution liquide, ne pouvait plus continuer à se déplacer, ni sur la courbe AC prolongée (il y aurait sursaturation par rapport à B), ni sur la courbe BC prolongée (il y aurait sursaturation par rapport à A)[1].

Le point de rencontre C des deux courbes de saturation porte le nom de point d’eutexie, et le magma solide qui se précipite, et qui est constitué par la juxtaposition de deux phases (cristaux A et cristaux B forcément très entremêlés par leur précipitation simultanée) est appelé « mélange eutectique », ou plus simplement et plus correctement « eutectique »[2].

Une fois la phase liquide entièrement disparue par suite de la précipitation de l’eutectique, l’invariance disparaît, car le magma solide formé par l’eutectique (et par les cristaux A ou B antérieurement déposés) ne comporte que deux phases ; et si l’on continue à enlever de la chaleur, ce magma (dont la composition globale brute reste égale bien entendu à la composition de la phase liquide homogène ou M2 dont on est parti) voit sa température diminuer.

Un diagramme à deux courbes de saturation, analogue à celui de la figure 12, correspond généralement aux équilibres de solidification d’une solution liquide dont les deux composants A et B ne sont pas susceptibles de former de combinaison chimique. C’est le cas, par exemple, pour les solutions de chlorure de potassium dans l’eau (système KCl — H2O). Le composant A est alors l’eau, le composant B le chlorure de potassium ; l’ordonnée du point A (température de congélation de l’eau) est 0°, celle du point B (température de fusion de KCl) est 738° environ (températures centigrades). La courbe de

    latente) correspond à l’énergie thermique libérée par la cristallisation simultanée des cristaux A et B qui est un phénomène exothermique.

  1. De tels prolongements ne sont pas absolument impossibles à réaliser (au moins théoriquement) ; mais ils correspondent à des équilibres métastables, qui exigent, pour être obtenus, des précautions spéciales.
  2. L’eutectique qui se dépose a une composition globale parfaitement déterminée (titre de la phase liquide qui disparaît en lui donnant naissance) ; d’ailleurs la température reste constante pendant toute la solidification à pression Ce sont là deux caractères qui pourraient faire penser, à première vue, que l’eutectique est un composé des deux corps A et B, ayant une formule chimique bien définie. On peut reconnaître qu’il n’en est rien, d’abord parce qu’un microscope assez grossissant montre l’agrégat de deux phases, puis, parce que le titre dépend (un peu) de la pression pour laquelle la figure 12 a été tracée, ce qui n’arriverait pas pour un composé de formule chimique définie.