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H. VERGNE ET J. VILLEY.

correspond au titre , et à une température assez élevée pour que ce point soit au-dessus de la courbe de saturation AC. Ce point M1 représente une phase liquide de titre at, relativement riche en A. Supposons qu’on lui enlève progressivement de la chaleur : il se produit d’abord le refroidissement homogène suivant M1M1’ qui abaisse simplement la température de cette phase liquide. À la température , du point M’1 qui est sur la courbe AC, la solution est saturée par rapport au composant A. Si nous continuons à enlever de la chaleur, du composant A se dépose peu à peu, ce qui entraîne un enrichissement de la solution en B, et la température continue à baisser pendant que le point figuratif du titre de la phase liquide se déplace de M’1 jusqu’en C sur la courbe de saturation AC.

De la même manière, nous pourrions partir d’un point M2 correspondant à un titre et à une température assez élevée : ce point représente une phase liquide relativement riche en B. Une soustraction progressive de chaleur nous ferait d’abord décrire M2M’2 qui correspond au refroidissement homogène ; à la température du point M’2, qui est sur la courbe de saturation BC, la solution devenue saturée en B, commencerait à laisser déposer ce composant (ce qui entraîne un enrichissement de la solution en A), et le point figuratif du titre de la phase liquide se déplacerait de M2 jusqu’en C sur la courbe de saturation BC.

Ainsi, qu’on soit parti d’une solution riche en A ou riche en B, dans les deux cas le refroidissement nous amène au point C. À la température de ce point C, le liquide restant (de titre ) peut être en équilibre soit avec des cristaux du corps A, soit avec des cristaux du corps B. Nous avons donc, à cette température trois phases en équilibre au lieu de deux ; la variance baisse donc d’une unité, le système qui était univariant (puisqu’on avait fixé la pression ) devient invariant. Donc la température ne variera pas tant que les trois phases existeront.

Si donc, arrivés à la température du point C, nous continuons à enlever de la chaleur, le liquide restant laissera précipiter simultanément, à température constante , les cristaux A et les cristaux B, jusqu’à ce qu’il soit lui-même entièrement disparu[1]. Et en effet,

  1. La chaleur que Pou continue ainsi à enlever à température constante (chaleur