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H. VERGNE ET J. VILLEY.

C’est-à-dire que le transport du composant échangeable a lieu dans le sens où son potentiel chimique décroît. Cet énoncé très simple, qui traduit la loi fondamentale de l’équilibre chimique des systèmes hétérogènes est souvent désigné à juste titre, sous le nom de condition de Gibbs.

Le résultat ainsi obtenu est d’ailleurs bien celui que faisait prévoir la possibilité d’un équilibre stable entre les deux phases, car le transport élève a en aval et abaisse en amont, c’est-à-dire qu’il réduit progressivement jusqu’à annulation complète la différence de potentiel chimique qui le provoque.

Cette conclusion fondamentale est vraie indifféremment lorsque les deux phases sont des systèmes sans réactions chimiques, ou lorsque le composant échangé participe, dans l’une ou l’autre, ou même dans l’une et l’autre, à un équilibre chimique intérieur à la phase considérée. Elle subsiste encore évidemment, et nous aurons l’occasion d’utiliser cette propriété, dans le cas où l’on séparerait les deux phases A et A’ par une paroi semi-perméable ne laissant passer que le composant 1[1].

Le signe de l’apport reçu par le système A que nous étudions étant déterminé (il est le même que celui de ), si A est en équilibre chimique, le sens de la réaction provoquée dans A par le contact de A’ est alors déterminé par la loi d’action de masse : il est tel que la réaction produise, quand et sont maintenus constants, une variation de signe opposé à celui de c’est-à-dire aussi de signe opposé à celui de . Il faut d’ailleurs préciser d’une façon très nette le sens de cette dernière phrase. Un apport positif provoque directement une élévation du potentiel chimique et la réaction que cela fait naître freine cette élévation en introduisant un terme Mais, si elle peut freiner l’accroissement de elle ne peut pas renverser son signe ; reste positif, comme il a été expliqué pour la loi d’action de masse (§ 11).


17. Réalisation de l’équilibre entre deux phases. — L’équilibre

  1. On peut dire que cette propriété donne, en quelque sorte, un sens intuitif à la notion du potentiel chimique : le composant tend à s’écouler spontanément dans le sens des potentiels chimiques décroissants, de même que la chaleur tend à s’écouler dans le sens des températures décroissantes.