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H. VERGNE ET J. VILLEY.

elle ne donne pas, avec l’un des électrolytes, ces associations moléculaires que manifestent les hydrates cristallisables. De telles combinaisons donnent lieu à un équilibre chimique où l’eau devient un composant actif. Les deux équilibres chimiques correspondant à deux réactions nettement distinctes (la réaction mutuelle des électrolytes et l’hydratation de l’un d’entre eux), réagissent néanmoins l’un sur l’autre car ils ont un composant commun qui est le sel hydratable. Cela complique encore la définition de la composition matérielle du système.

On doit enfin envisager l’hypothèse où le mélange serait le siège de deux ou plusieurs réactions, réversibles absolument indépendantes, c’est-à-dire n’ayant pas de composant commun. Les équations de ces réactions donnent alors des conditions complètement séparées.

Mais l’addition, à un Système en équilibre chimique, de composants chimiquement neutres (ou d’un autre groupe de composants reliés par des réactions chimiques sans lien avec celles qui le régissent lui-même), si elle ne modifie pas la définition de la composition matérielle brute du système partiel initial, modifiera en général sa composition chimique en déplaçant son équilibre. En effet, la relation imposée par l’équation de la réaction chimique entre les potentiels chimiques des composants qu’elle intéresse ne change pas ; mais, dans l’équilibre thermodynamique général de l’ensemble, nous avons vu, en étudiant les mélanges sans transformations chimiques, que chaque potentiel chimique est fonction des titres de tous les composants présents.

Il est à noter aussi, pour éviter éventuellement des erreurs graves, que les composants considérés, à première vue, comme chimiquement neutres, ou comme faisant partie de groupes sans réactions mutuelles, sont souvent dans cette situation apparente par suite de faux-équilibres. La composition chimique d’un système n’est pas déterminée par sa composition matérielle brute quand il y subsiste des faux-équilibres susceptibles de disparaître si les variables thermodynamiques viennent à passer par des valeurs où ces fauxéquilibres se détruisent spontanément. Par exemple, les mélanges d’hydrogène, oxygène et vapeur d’eau, peuvent être réalisés et conservés en proportions arbitraires aux basses températures ; mais si on élève la température de manière à amorcer la réaction, l’équilibre chimique, dès cet instant réalisé, imposera dans la suite entre