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H. VERGNE ET J. VILLEY.

qui réalisent sans doute des combinaisons transitoires ; elles sont assez exothermiques pour élever de proche en proche la température et provoquer la propagation explosive de la réaction.

L’instabilité du mélange H2 + Cl2 est encore plus frappante, car il suffit de le faire traverser par le rayonnement lumineux d’un éclair de magnésium pour provoquer violemment la réaction très exothermique H2 + Cl2 → 2HCl. C’est ici l’absorption de rayonnement lumineux qui a suffi pour activer les molécules de H2 et de Cl2, c’est-à-dire pour les amener à l’état de fragilité qui permet la recombinaison par double extraction.

On peut très souvent faire disparaître un faux équilibre en mettant le mélange en contact avec ce qu’on appelle un catalyseur. C’est un corps qui provoque la réaction sans subir lui-même de modification, du moins au total : on le retrouve après l’opération identique à ce qu’il était avant. De là il résulte que des quantités très petites de catalyseur pourront suffire pour provoquer la réaction de quantités très considérables du mélange. On dit que l’action du catalyseur est une action de présence.

L’action du catalyseur s’explique souvent parce qu’il donne, avec les composants initiaux du mélange, des composés intermédiaires instables, ou capables d’entrer en réaction par double extraction pour donner naissance aux produits finals avec régénération du catalyseur. Dans d’autres cas on est conduit à admettre que ses molécules, par les seules forces qu’elles exercent simultanément sur celles des composants du mélange, peuvent faciliter entre ceux-ci la réaction par double extraction. Dans beaucoup de cas enfin, il faut avouer notre ignorance totale sur le mode d’action du catalyseur, et même sur les processus possibles de la réaction qu’il a mission de favoriser.

Considérons un faux équilibre entre deux gaz diatomiques X2 et Y2 introduits par exemple en proportions moléculaires égales et capables de donner, par une réaction très exothermique X2 + Y2 → 2XY, un troisième gaz diatomique XY. Maintenons le mélange dans un volume invariable et faisons croître lentement sa température. À une certaine température la réaction s’amorcera, avec destruction plus ou moins brusque du faux équilibre, et conduira à un équilibre vrai[1] dont nous pouvons essayer de définir les conditions.

  1. On pourrait obtenir la disparition du faux équilibre par l’adjonction d’une