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H. VERGNE ET J. VILLEY.

la dissociation est réalisée. Il doit donc y avoir une diminution de la chaleur spécifique brute, qui correspond effectivement à la réduction de 7 à 6 (2 atomes séparés ayant chacun seulement leurs 3 degrés de liberté de translation) du nombre des degrés de liberté.

Mais par suite de la dispersion très considérable des énergies cinétiques moléculaires individuelles autour de leur valeur moyenne, il y a, pour chaque valeur du volume spécifique un vaste domaine de températures où se produit une dissociation moyenne progressive. Ce domaine est compris entre deux limites sans définition rigoureuse : la température au-dessous de laquelle la dissociation est pratiquement nulle, et la température au-dessus de laquelle la dissociation est pratiquement totale.

Soit une masse donnée du gaz considéré, enfermée dans un volume fixe ; si on la maintient à une température du domaine de dissociation progressive, il s’y établit un équilibre de dissociation, qui est un équilibre statistique. Il y a constamment des molécules qui se dissocient, mais il y a constamment aussi des molécules qui se reforment au gré des rencontres mutuelles des atomes libérés par des dissociations antérieures. Plus la température est élevée, plus grande est la proportion des molécules présentes qui atteindront par unité de temps l’énergie de dissociation, et plus faible est la proportion des rencontres dans lesquelles les atomes pourront se réaccrocher au lieu de rebondir l’un sur l’autre. Donc, à mesure que croît, la proportion des molécules non dissociées va en diminuant (et corrélativement celle des atomes dissociés va en augmentant), par suite de ces deux causes concordantes. Nous dirons que le degré de dissociation va en croissant avec la température, en appelant degré de dissociation la valeur a telle que représente le titre (ou concentration massique) du gaz non dissocié.

Dans le domaine de dissociation progressive, les deux actions (entrée enjeu progressive des degrés de liberté intramoléculaires, et dissociation progressive) qui interviennent en sens opposés pour faire varier la chaleur moléculaire lui imposent une variation continue. Partie de 5 pour arriver à 6, elle pourra passer par des valeurs supérieures à 6, à des températures où les molécules non dissociées dont les 7 degrés de liberté interviennent effectivement, seraient en proportion suffisante. Si l’on envisage la chaleur moléculaire brute,