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L’ÉQUILIBRE THERMODYNAMIQUE DES FLUIDES HOMOGÈNES.

calculs et prévisions, au même Litre que l’énergie intraatomique.

C’était là d’ailleurs le résultat d’une convention de langage, pratiquement légitime, mais qui ne traduit pas la réalité d’une manière strictement correcte. Considérons par exemple une molécule diatomique. Il est clair que, avant le moment où l’énergie cinétique de vibration relative des deux atomes devient assez grande pour briser le lien chimique qui les assemble, cette énergie cinétique de vibration croissante avec la température imposait l’existence corrélative d’une énergie potentielle croissante relative à la force chimique contre laquelle elle modifiait l’écartement mutuel des deux atomes. Plus exactement d’ailleurs, dans ce terme d’énergie potentielle interviennent pour partie l’attraction chimique entre les deux atomes et pour partie la force qui s’oppose à leur pénétration mutuelle. Mais le point important c’est que la valeur moyenne de cette énergie potentielle est égale à la valeur moyenne de l’énergie cinétique de vibration ; on peut donc l’assimiler à celle-ci, qui est un terme d’énergie thermique au sens propre du mot, et la faire rentrer elle aussi dans ce que l’on appelle l’énergie thermique. C’est ce que l’on fait en disanL que l’entrée en jeu[1] de la vibration intramoléculaire introduit deux degrés de liberté supplémentaires. Elle ferait passer la chaleur moléculaire à volume constant progressivement de 5 à 7 à mesure qu’augmente, avec la température la proportion des molécules où l’énergie de vibration interne est entrée en jeu, si la dissociation n’intervenait pas à son tour pour une proportion sans cesse croissante de celles-ci.

La dissociation d’une molécule se produit au moment où son énergie cinétique de vibration devient supérieure à la valeur maximum que puisse atteindre l’énergie potentielle chimique de ses deux atomes. Ce maximum est réalisé pour l’écartement où les forces d’attraction chimique mutuelle cessent de se manifester, et pour tous les écartements plus grands que celui-là. L’énergie potentielle chimique de la molécule, qui avait été en croissant avec la température[2] jusqu’à la dissociation, cesse de croître avec elle lorsque

  1. Qui ne se produit qu’à des températures élevées conformément à ta théorie des quanta.
  2. Proportionnellement, aux discontinuités près qu’indique la théorie des quanta.