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L’ÉQUILIBRE THERMODYNAMIQUE DES FLUIDES HOMOGÈNES.

à être partout en contact mutuel. Des forces très intenses s’opposent alors à leur pénétration mutuelle : si l’on cherchait à poursuivre la compression, on constaterait, pour des diminutions de volume insignifiantes, des augmentations extrêmement rapides de la pression exercée par le fluide sur le piston qui s’efforce à le comprimer.

Nous observons là la seconde forme de la pression, que l’on pourrait appeler pression élastique, pour la distinguer de la pression cinétique observée dans les gaz à faible densité aux températures absolues non nulles.

Cette pression élastique dépend de la contexture même des molécules, tandis que la pression cinétique dépendait de la densité d’énergie cinétique de leur agitation thermique.

Si l’on envisage, aux températures absolues non nulles, un liquide, ou plus généralement un fluide à densité élevée (qui peut être à une température supérieure à sa température critique), le phénomène de pression apparaît comme mixte. Il y a en permanence intervention des forces de contact des molécules ; mais il y a en même temps agitation thermique. On peut considérer que l’énergie cinétique de cette agitation thermique est enfermée dans un volume égal à l’excès du volume total du récipient sur le volume propre de l’ensemble des molécules. À ce phénomène mixte correspondent encore, pour chaque température des lois de variation très rapides de la pression en fonction du volume spécifique ces lois sont définies, c’est-à-dire qu’il y a encore une équation d’état

Il y a lieu de signaler, dans l’utilisation de la notion de pression en un point intérieur à la masse fluide, une question délicate qui mérite de n’être pas passée sous silence.

On fait souvent appel à des raisonnements où l’on écrit l’équilibre d’une certaine fraction de la masse du fluide contenue à l’intérieur d’une surface fermée que l’on imagine tracée dans le fluide.

En réalité, le contenu de cette surface n’est pas un système matériel permanent, car, du fait de l’agilation thermique, il y a sans cesse des molécules qui sortent, et il y en a d’autres qui rentrent. Il faut noter toutefois que, lorsque l’équilibre macroscopique est établi, il yv a, même dans le cas des mélanges, une compensation exacte entre ces deux échanges ; elle maintient invariable le nombre de molécules de chaque espèce présentes à l’intérieur de la surface fermée.

Si l’on voulait envisager un véritable système matériel permanent,