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— Peut-être, mais avec toi c’est difficile de garder des habitudes sédentaires. Une journée nous sommes ici. Demain peut-être nous prendrons l’avion pour New-York ou volerons à Vancouver pour traverser en Chine.

— C’est justement la raison pour laquelle tu aimes la tranquillité. Si tu étais toujours au coin du feu, tu te lasserais vite. C’est surtout quand on est privé d’une chose qu’on l’aime le plus…

— Veux-tu me parler d’une de tes conquêtes en Algérie ou en Australie ?

— Non, c’est de toi que je parle dans le moment. Tu dois t’en rendre compte.

— Je sais que tu prends grand soin de moi et de l’organisation de ma vie…

— Est-ce un reproche ?

— Écoute, mon vieux. Tu sais bien que j’adore vivre avec toi, participer à tes aventures et surtout t’assister dans la mesure de mes faibles capacités.

— Bon ! Bon ! Assez sur le sujet. Tu es un bon camarade et si je ne t’avais pas, je ne sais réellement ce que je ferais.

— Mais ce n’était certainement pas pour me faire des compliments que tu as entamé le sujet. Il y a quelque chose là-dessous… ?

Il me regarda en souriant, à travers la fumée de sa cigarette, et laissa tomber :

— Peut-être

— Alors raconte-moi. Tu sais bien que je brûle d’activité, quoique je sois un adepte du « farniente. »

— Et ça te surprend ?

— Que veux-tu dire ?

— Tu viens de m’exprimer la plus belle contradiction…

— Oui, c’est vrai.

— Eh bien ! que veux-tu ? C’est la nature humaine. La contradiction fait partie de notre essence.

— Je te le concède, mais je t’avoue que je suis très curieux.

— C’est vrai, j’oubliais.

— De quoi s’agit-il donc pour nous ?

— Dans le moment, c’est ton repos et ta tranquillité que j’ai en vue.

— Tu n’as toujours bien pas envie de me dire que tu partirais seul pour une expédition intéressante… ?

— Ce n’est pas exactement cela…

— Explique au plus vite. Tu m’as assez fait languir déjà.

— Je t’ai posé une question tout à l’heure à laquelle tu ne m’as pas répondu : je voudrais savoir si tu es confortable et si tu aimes la vie ici.

— Oui et puis ?