Puis ils entrèrent, dans la saloune Rabinovitch.
À cette heure, il n’y avait que quelques clients dans l’établissement.
Dès qu’ils virent entrer Fred Mallette, un silence gêné, lourd, plana dans l’établissement.
Les deux mains appuyées sur les colts à sa ceinture de cuir jaune, Fred s’avança, suivi de Couturier, vers le bar derrière lequel se tenait un Rabinovitch qui était très pâle…
D’une voix froide, glaciale, Mallette demanda :
— Mon crédit est-il bon ici ?
Rabino répondit avec un empressement sérieux :
— Le crédit de Sam Lortie est toujours bon…
Elphège dit à son compagnon :
— Tu tolères cette insulte, Fred ?
Celui-ci affirma :
— Le nom n’est pas Lortie mais Mallette… Rabino ?
— Oui…
Le salounard ne répondit pas.
Il plaça une bouteille de fort, sur son comptoir.
Puis 2 verres.
Fred et Elphège burent 3 ou 4 rasades.
Puis Couturier murmura d’une voix dangereusement douce :
— Je ne tolérerai point cette insulte à mon copain…
Rabino alluma un cigare.
— Quelle insulte ? demanda Malette.
— Lortie est un renégat et un outlaw.
Fred hurla :
— Ah, c’est ainsi.
À ce moment Rabino se plaça sous le bon angle.
Le jeune cowboy sortit son arme.
Vite comme l’éclair.
Tira.
Et coupa le cigare en deux.
Alors il versa un plein verre à Couturier.
Puis but lui-même le résidu à même la bouteille
— À la revoyure, Rabino.
Le vieil Elphège plaça son mot :
— Si c’est pas dans ce monde-icitte ce sera dans l’autre.
Ils sortirent.
— J’ai faim, dit le jeune…