CHAPITRE III
LOUISETTE
Fred et le vieux Couturier galopaient dans la plaine.
— Où allons-nous ?
Malette répondit :
— Espèce de curieux, va…
— Écoute, mon jeune, je sais que tu me caches quelque chose… Pourquoi ?
— Parce que, le père, mes inquiétudes sont à moi tout seul. À votre âge, voyez-vous…
Piqué, Elphège s’écria :
— Qu’est-ce que mon âge a à voir dans ça ?
Fred dit :
— À votre âge l’inquiétude fait viser mal et manquer son homme.
— Tu peux toujours me dire où nous allons.
— Pour ça oui.
— Chez Louisette.
— À sa grange ?
— Oui.
— Tu sais le chemin ?
— Oui.
— Comment ?
— Parce que je suis déjà venu par ici.
— Ouais…
Couturier cracha sa chique :
— Et pourquoi es-tu venu la première fois ? fit-il, en mordant à une briquette de tabac macdonald-le-tabac-avec-un-cœur.
— Pour voir Sam Lortier sans qu’il me voie, lui…
— Du diable si je comprend un traître mot…
Fred s’impatienta :
— Comment aurais-je pu me grimer et me faire une binette à la Lortie sans connaître le visage de cet outlaw ?
— Tu connais Louisette ?
— Oui.
Il ajouta :