Le ministère fédéral de la justice te récompensera généreusement.
Viens donc tout de suite si tu peux ; car je t’avoue franchement, Baptiste, que j’ai affaire à trop forte partie pour moi.
Viens, et je t’en serai éternellement reconnaissant,
Ton ami,
Verchères manda son seul et unique policeman :
— Tout est calme ici ? demanda-t-il.
— Oui, chef.
— Pas de troubles à l’horizon ?
— Non.
— Et l’affaire Caïn et Abel ?
— Celle des deux frères ranchers ennemis ?
— Oui.
— C’est vrai, vous ne savez pas, la nouvelle vient de me parvenir pendant que vous étiez en conférence avec le jeune RCMP.
— Quelle nouvelle ?
— Caïn est mort d’une chute de cheval…
— Authentique ?
— Oui.
— Pur accident ?
— C’est ce que dit le doc.
— Alors, dit Baptiste, le calme est plat comme la poitrine d’une vieille fille. Et au plat fixe.
S’adressant à son lieutenant il dit :
— Je te laisse en charge ici. Si tu as besoin de moi envoie un éclaireur me chercher à Canyonville.
— Correct, boss.
Verchères se leva :
Ouvrit un tiroir.
Prit sa badge qui annonçait sa juridiction d’officier de police dans tous les territoires du nord-ouest.
L’épingla à sa poitrine.
Et dit :
— Suivez-moi, constable Churchman, nous partons.
— Immédiatement ?
— Oui, n’est-ce pas d’ailleurs ce que désire de tout son cœur de police montée mon ami le sergent Robitaille ?
Bientôt les 2 cavaliers galopaient sur la plaine manitobaine asséchée par 15 jours d’un soleil de juillet…
Puis peu à peu, les chevaux se mirent d’eux-mêmes au petit trot favorable aux longues randonnées.
Squeletteville était située à 8 lieues au sud-est de Canyonville, bourgade qui, comme la première, constituait une véritable insulte au mot « Ville ».