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— N’ayez pas peur, mon oncle ; il n’est pas chargé ; j’ai eu beau fouiller et fouiller dans les affaires de papa, je n’ai pu trouver de balles.

Une troisième plainte se fit entendre.

Prudemment le prêtre et la jeune fille contournèrent le talus.

Tout de suite ils virent un homme étendu dans l’herbe, un chapeau ecclésiastique près de lui.

L’Abbé Taché vit alors le collet romain de l’étranger et s’écria :

— C’est un ministre protestant ; ah, le pauvre homme, il faut le sauver.

Le ministre ouvrit les yeux :

— Tiens, un cauchemar, fit-il, je vois un papiste.

Mais tout de suite, un sourire corrigea l’insulte.

Le blessé tenta de se lever.

Vainement.

Il retomba.

L’abbé Taché et Huguette lui prirent chacun un bras et le conduisirent sur le bord du cric où ils le couchèrent.

La jeune fille se rendit à la ouaguine d’où elle revint avec une chaudière, des serviettes et du savon.

Le prêtre avait, pendant ce temps, localisé la blessure.

La balle avait traversé l’épaule par en arrière.

Quand elle vit la blessure, Huguette s’écria :

— Mais le pauvre homme a été blessé dans le dos ; c’est un coup de traître.

Son oncle, qu’elle croyait être la douceur même dit avec une rage qu’il avait à peine à contenir :

— En plus d’être un traître, celui qui a tiré ce pauvre ministre dans le dos est un pharisaïque hypocrite.

Huguette pansa la blessure puis l’enveloppa avec du vieux linge blanc et immaculé en un bandage savant.

— Merci, dit l’inconnu.

L’Abbé se présenta :

— Je suis Étienne Taché, prêtre catholique.

— Révérend Hugh Pander, dit le blessé.

Le prêtre reprit :

— Vous allez vous en venir avec nous ; nous vous préparerons un lit de foin parmi nos bagages à l’arrière de la ouaguine.

Le révérend murmura :

— Je veux vous parler d’abord. Éloignez mademoiselle.

L’Abbé Taché dit à sa nièce :

— Huguette, veux-tu aller préparer un lit de foin pour le révérend à l’arrière de la voiture ?

— Certainement, mon oncle.

Elle s’éloigna.

Hugh Pander dit :

— Aux yeux de la police, je suis un criminel, un assassin.