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À ce moment, un grand bruit se fit entendre dans le coin où étaient les quatre personnes dont j’ai parlé plus haut. On se disait des injures ; on était au moment de se battre. Marguerite m’emporta dans une chambre voisine et me dit :

— Maintenant, parle, mais parle bas, car ton père est à côté de nous ; il n’y a qu’une cloison qui nous sépare.

Je lui racontai mon histoire de mon mieux. Je lui dis que je venais d’être enlevée, que ma mère devait être morte d’inquiétude. Je joignis mes mams, et je la suppliai d’aller prévenir maman.

Elle me coucha dans son lit, ferma sa porte à double tour et sortit.

Quand elle fut partie, je m’endormis. J’étais pourtant bien malheureuse, j’avais pourtant bien peur ; mais la fatigue et la faim l’emportèrent sur mon désespoir. La faim ! comme tous les enfants malheureux, j’avais formé le projet de me laisser mourir de faim, et j’avais obstinément refusé toute nourriture.

Mon sommeil était plutôt de la défaillance que du sommeil. Je n’entendis pas rentrer Marguerite. Elle dormait près de moi, quand je m’éveillai. Tout me revint en mémoire, et je lui demandai des nouvelles de ma mère.