Page:Venard - Memoires de Celeste Mogador - vol 1 1858.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

verre, et ayant, sans doute, combiné ce qu’il voulait dire, il commença ainsi :

— Je me suis marié il y a huit ans : j’aimais ma femme ; elle m’a trompé ; c’est une misérable. Elle m a fait tant d’infamies que je me suis sé- paré d’elle ; mais les lois sont injustes : elles laissent les filles à la mère. Ma femme a obtenu de garder sa fille. Ma femme vit ici, à Lyon, avec son amant. Je suis venu de Paris pour lui Voler mon enfant ; mon intention est de repartir demain. Mais j’avais peur que l’on me cherchât cette nuit ; j’ai pensé que je ne serais pas découvert ici : il faut donc que vous nous gardiez tous les deux.

Je poussai un long soupir ; je n’osais rien dire à la femme qui me tenait dans ses bras, mais je la regardai ; elle me comprit, me serra doucement et me fit signe de me taire.

La Louise répondit à G… qu’elle comprenait sa conduite ; que pourtant je n’avais pas l’air de l’adorer, et qu’il aurait mieux fait de me laisser.

— C’est vrai, dit G…, que l’enfant ne m’aime guère ; mais cela viendra plus tard. On lui a dit que je n’étais pas son père ; on l’a élevée à me haïr. Elle m’aimera quand elle sera plus raisonnable, et qu’elle comprendra que je l’ai sauvée de l’inconduite et du mauvais exemple de sa mère.