Page:Venard - Memoires de Celeste Mogador - vol 1 1858.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

détournai la tête et n’osai dire un mot. Nous étions dans une salle qui me paraissait étrange. Cela ressemblait à un café, et cependant cela n’en était pas un. Il y avait là des chaises, des tables, un comptoir, des liqueurs, plusieurs femmes décolletées, à peine vêtues. Une de ces femmes était assise à côté de G… C’est près de celle-là que je m’étais réfugiée. Elle avait la voix rauque, l’air méchant. Deux autres femmes étaient à une table avec deux hommes ; au milieu de ce groupe montait une flamme bleue et rouge qui me fascinait et donnait un air diabolique aux personnages qui l’entouraient. Deux autres femmes jouaient aux cartes. J’en vis une autre encore, qui, derrière moi, travaillait à une petite robe d’enfant. Elle avait l’air plus jeune que ses compagnes ; elle était plus décente daus sa mise. Elle avait quitté son ouvrage el me regardait. Je la vis bien en face. Ses yeux était bous ; sa figure, quoique laide, avait quelque chose de doux qui m’attirait vers elle.

Avec l’instinct de la peur, qui cherche à fuir, j’examinai cette singulière boutique où j’étais prisonnière, les carreaux dépolis ne me permettaient pas de voir au-dehors ; la porte sur la rue était condamnée.

Je fis un mouvement de surprise. La femme