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bien heureuses. Nous recevions des lettres d’Henriette, qui nous disait ce qui se passait à Paris. Mon beau-père avait remué ciel et terre pour savoir où nous étions. Il avait été pleurer chez tous nos amis ; mais on le connaissait bien et personne ne se laissait attendrir par ses grimaces.

Il courait, buvait, jouait. Au bout de six mois, il fut criblé de dettes, et n’aurait pas tardé à commettre quelque mauvaise action, qui l’aurait fait mettre en prison, sans une rencontre bien malheureuse qui lui révéla noire retraite et le mit sur notre trace.

Ma mère tenait le comptoir du chapelier chez qui elle travaillait.

Un jour, il vint un homme qui la reconnut pendait qu’elle le servait.

— Je ne me trompe pas, lui dit-il, vous êtes madame G… J’ai vu votre mari, il y a deux mois ; c’est un bien méchant homme ; il dit, à qui veut l’entendre, que vous vous êtes sauvée avec un amant ; mais, soyez tranquille, ma femme l’a joliment remis à sa place.

— Gardez-vous, lui répondit ma mère, de dire que vous m’avez rencontrée.

L’homme fit les plus belles promesses de discrétion du monde. La première chose qu’il fit, en rentrant chez lui, fut d’écrire à sa femme : « Devine