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et d’ourler des mouchoirs. Il fallait que je fusse bien attendrie pour faire cette promesse, car j’avais horreur des travaux à l’aiguille.

Nous étions au vendredi. Ma mère ne devait entrer en fonctions que le lundi. Nous allâmes nous promener aux Brotteaux. Nous avions emporté notre déjeuner ; nous étions assises à l’ombre d’un beau marronnier, et nous allions nous mettre à manger, quand je sentis quelque chose de froid et d’humide s’approcher de mon cou. J’eus tellement peur que je n’osai pas me retourner. Je regardai maman, qui se mit à rire si fort, que je me décidai à tourner la tête, et je vis un gros chien barbet, couleur marron et blanc. C’est, du moins, ce que nous reconnûmes depuis, car, ce jour-là, il était si crotté, qu’il était impossible de rien distinguer, à l’exception de ses yeux gris-clair, de son nez noir, de ses dents blanches et de sa gueule rose. C’était un pauvre honteux. Il s’était approché de nous, au moment où j’allais porter à ma bouche la tartine que j’avais à la main. Je lui donnai mon pain. En quatre ou cinq coups de dents, il eut bientôt mangé plus que ma mère et moi.

Le repas achevé, nous fîmes une partie de course. Au bout d’une heure, nous étions si bien ensemble qu’il ne voulait plus me quitter, et que