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demoiselle. En m’entendant l’appeler maman, on la regardait de travers.

Notre hôtesse était une femme d’environ cinquante ans, maigre, petite ; sa figure n’avait rien de méchant, mais elle avait la voix si aigre et la parole si sèche, qu’elle me faisait presque peur. Je ne passais jamais devant sa porte sans marcher sur la pointe des pieds.

Il y avait deux jours que nous étions à Lyon. Maman était allée chez son maître, qui l’avait très-bien reçue ; mais elle n’avait pas osé lui dire qu’elle avait une fille. J’étais donc destinée à rester enfermée toute la journée.

La perspective d’être seule pendant des jours entiers me semblait affreuse. Je commençais à regretter mon beau-père et les coups qu’il me donnait. Si notre propriétaire avait eu l’air un peu plus gracieux, je me serais insinuée chez elle ; mais elle avait la figure gaie comme une porte de prison, et elle n’aimait au monde qu’un gros chat gris.

Ma mère voyait ma peine, et, pour me consoler, elle me faisait mille promesses, pour le dimanche. Tout cela ne servait qu’à faire couler mes larmes de plus belle. Ma mère se mettait alors à pleurer de son côté. C’était sa force contre moi. Je devins raisonnable : je promis d’être bien sage