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qu’il fit cesser l’orage. Je me nis à genoux devant lui, et je répétai à haute voix les paroles qu’il me disait tout bas.

Mes forces étaient épuisées. La fatigue l’emporta bientôt sur tout autre sentiment. Je me couchai sur la banquette, où je ne tardai pas à m’endormir, la tête sur les genoux de ma mère.

Le bruit de la foudre me réveilla en sursaut. Tout le monde poussait des cris de désespoir. Le bateau à vapeur avait failli se briser entièrement en passant sous l’arche d’un pont ; la cheminée avait été en partie rompue. La Saône était écumante ; ses ondes furieuses, gonflées, débordées, semblaient avoir la force d’inonder des villes entières. On lâcha la vapeur, et nous naviguâmes comme sur un vaisseau sans pilote et sans gouvernail.

La tempête se calma avec la mème promptitude qu’elle avait mise à éclater. Le curé, qui était devenu mon ami, et qui m’avait protégée et rassurée pendant la tourmente, me dit en me quittant :

Je t’avais bien dit, mon petit ange, que le ciel exaucerait ta prière, et que nous arriverions à Lyon sains et saufs.

Bon curé, mon compagnon de voyage sur le