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téger dans cette longue route, toujours pénible pour une femme et pour une enfant réduites à marcher à pied.

Au moment de notre arrivée à Châlons, de grosses gouttes de pluie commençaient à tomber. Tout annonçait l’approche d’un orage affreux.

Nous courûmes, malgré notre fatigue, à l’embarcadère des bateaux à vapeur. Il faisait une chaleur étouffante ; j’avais été tellement brulée par le soleil, que mon cou était tout couvert de cloches ; je souffrais beaucoup. Le bateau partait à cinq heures du matin. Ma mère, pour assurer sa place, paya d’avance. La fille d’auberge nous éveilla à quatre heures. Nous descendîmes dans une grande salle prendre du café. Tout le monde était en émoi.

Il faisait un temps épouvantable. La Saône roulait ses flots comme la mer. On y voyait à peine, ce qui ajoutait encore aux difficultés de l’embarquement. On avait mis une planche pour conduire les voyageurs de la terre au bateau. Le vent était si furieux, qu’on courait risque d’être emporté.

La crainte de perdre sa place fit commettre une imprudence à ma mère. Elle me prit dans ses bras et elle se hasarda à passer en courant ; mais son poids fit remuer la planche, ma mère fit