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longues années de maladies incurables, voient passer devant eux, immobiles et sans espoir, la population flottante des personnes atteintes de maladies aiguës. Ces pauvres gens avaient vu bien des entrées et des sorties, ils avaient vu arriver bien des vivants, ils avaient vu emporter bien des morts.

Je leur rappelais la vie, dans ce qu’elle a de plus doux et de moins désillusionné, l’enfance. Aussi le soir, dans cette grande salle Sainte-Marie, quand les sœurs me faisaient réciter tout haut mes prières, ils écoulaient avec recueillement celle voix d’enfant qui prie pour tout ce qui souffre.

Chastes et douces impressions de mes premières années, l’existence que j’ai menée depuis vous a bien peu ressemblé, mais combien de fois, au milieu de l’agitation des plaisirs et de la vie, j’ai regretté le temps où je vous ressentais !

Le moment de partir était venu. Nous reçûmes avis du bureau de police que mon cher beau-père allait sortir de prison. Ma mère voulait mourir plutôt que d’être exposée à le revoir. On lui donna le conseil de quitter Paris.

Une ouvrière, qu’elle avait employée, lui dit :

— Écoutez, je suis au moment de partir pour