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M. G…, mais je m’y étais habituée ; quand on me grondait, il me défendait. Quand je voulais quelque chose, je le demandais devant lui ; si on me le refusait, il me l’apportait le lendemain.

J’ai su depuis qu’à ce moment, M. G… avait déjà demandé maman en mariage ; que, sans dire ni oui ni non, maman avait répondu :

— Je verrai plus tard ; pour donner un beau-père à ma fille, il faut que je sois bien sûre qu’il la rendra heureuse.

De là toutes ses bontés pour moi. Mon instinct d’enfant ne m’avait point trompée. Dans son désir de me complaire, M. G… était guidé par son intérêt.

Il était ingénieur-mécanicien et très-habile ouvrier. Il avait une maison dans son pays. Tout le monde disait du bien de lui. Le mariage fut arrêté et conclu en deux mois.

Il n’y avait pas six jours que ma mère était mariée, que vingt personnes vinrent demander de l’argent. G… était criblé de dettes.

Tous ces braves gens dirent à ma mère :

— Vous avez épousé un scélérat : s’il ne nous avait pas dû de l’argent, nous vous aurions avertie, mais il nous menaçait en nous disant que, si nous l’empêchions de se marier, il ne nous payerait jamais.