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être cités. Mais, à mesure que j’avancerai, j’essayerai de vous dépeindre les personnages, et j’espère que vous les reconnaitrez.

Je ne veux pas faire de ma vie un roman ; je ne veux pas me réhabiliter ou poser en héroïne. En parlant de ce que j’ai souffert, de ce que j’ai pu faire de mal ou de bien, je vous dirai tout sans réserve, et vous verrez qu’il me faut un grand Courage pour regarder le passé en face.

J’avais six ans quand je perdis mon père. C’était un brave et honnête homme qui m’aurait étouffée, avant de mourir, s’il se fût douté que, quelques années plus tard, on m’appellerait Mogador.

Nous étions établis à Paris, rue du Puits, près du Temple. Ma mère était occupée de son commerce, qui allait bien. Moi, pourvu que je fusse bien frisée, et que ma mère me mit ne jolie robe, le reste me touchait peu. Aussi j’avais dix ans que je ne savais pas lire, et que force me fut de faire ma première communion au petit catéchisme.

Impossible de rien me faire apprendre ; sitôt qu’on voulait m’envoyer en classe, c’étaient des pleurs et des cris sans fin. On finissait toujours par me céder.

Je ne reproche pas cette faiblesse à ma mère,