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de l’etendue de l’Esprit.

Rien ne sert au jugement & à la pénétration comme l’étendue de l’esprit. On peut la regarder, je crois, comme une disposition admirable des organes qui nous donne d’embrasser beaucoup d’idées à la fois sans les confondre.

Un esprit étendu considere les êtres dans leurs rapports mutuels : il saisit d’un coup d’œil tous les rameaux des choses ; il les réunit à leur source & dans un centre commun ; il les met sous un même point de vûe. Enfin il répand sa lumiere sur de grands objets, & sur une vaste surface.

On ne sçauroit avoir un grand génie sans avoir l’esprit étendu, mais il est possible qu’on ait l’esprit étendu sans avoir de génie ; car ce sont deux choses distinctes : le génie est actif, fécond ; l’esprit