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De l’amitié.

C’est l’insuffisance de notre être qui fait naître l’amitié & c’est l’insuffisance de l’amitié même qui la fait périr.

Est-on seul, on sent sa misère, on sent qu’on a besoin d’appui ; on cherche un fauteur de ses goûts, un compagnon de ses plaisirs & de ses peines ; on veut un homme dont on puisse posséder le cœur & la pensée. Alors l’amitié paraît être ce qu’il y a de plus doux au monde. A-t-on ce qu’on a souhaité, on change bientôt de pensée.

Lorsqu’on voit de loin quelque bien, il fixe d’abord nos désirs ; & lorsqu’on y parvient, on en sent le néant. Notre ame, dont il arrêtait la vue dans l’éloignement, ne saurait s’y reposer quand elle voit au delà : ainsi l’amitié,