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DAl.0,GUES. 55 17. — RENAUD ET JAFF IER, commas *. JAFPIER. — Eh bien! mon cher Renaud, es·tu désabusé de l’ambi- tion et de la fortune? d liENAUD• Mon ami, j’3l péfi Bil IIOHIUIB de C0lll‘8.g€, dQllS UDB BD- treprise qui éternisera mon nom et l’injustice de mes des- tinées : je ne regrette point ce que j'ai fait. JAFFIER. ` Mais tu avais pris un manvais chemin pour faire fortune : mille gens sont parvenus, sans péril et sans peine, plus haut que toi. J’ai connu un homme sans nom, qui av`ait amassé des richesses immenses par le débit d’un nouvel opiat pour les dents ’. . RENAUD. J’ai connu , comme toi , des hommes que le hasard ou une frivole industrie ont avancés : mais je n’étais pas né valier remain, dont Néron avait fait le confident des secrets qu'il voulait ca- cber a sa mere Agrippine. Tullius Sénécion devint un des favoris du tyran, lc complice de ses crimes, et le compagnon de ses débauches. ll fut enveloppé dans la fameuse conspiration oa périrent Bpicharis, Séneque et Lucain : on dit qu’il mourut avec plus de courage qu’on n’avait lieu de Pattendre d’un homme livré aux plaisirs. Je trouve que Pauteur de ces dialogues excuse avec trop de complaisance les crimes de l'ambition °. Le portrait que Sallnste fait de Catilina ne s'ac· oorde point avec l’idée qu'on en donne dans ce dialogue : u Il avait, dit Phis- torien romain, l’ame forte, le corps robuste, mais l’esprit mechant et Fame dépravée. Jeune encore, it aimait les troubles, les séditions et les guerres ci- viles. Il se plaisait au meurtre et au pillage, et ses premieres années furent un apprentissage de scélératesse. Il supportait avec une fermeté incroyable la faim, le froid et les veilles. Audacieux, habile en l’art de séduirs et de feindre, avide du bien d'autrui, prodigue du sien, violent dans ses passions, assez élo- quent, mais dénué de raison, il n’eut que de vastes desseins, et no se porta , qu’a des choses extremes, presque impossibles, au-dessus de l‘ambition et de la fortune d’un simple citoyen. • Salluste, Bell. Calil., cap. V. — S.

  • Voir l’}Iisl0e°re de la Conjuralion de Venise, par Saint-Real. — G.
  • ll y a, dans le manuscrit, d awe nouvcllc opiate pour les dents. — Voir la

29* Ri/lcxion (sur les Hasards de la fortune). — G. ° Voir la 2- note dn 5• Garacterc (Lutein:}. - G. `