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Q DIALOGUES. 63 seseclow. Mon ami, quand on perd la faveur du prince, on perd toujours tout avec elle. ' GATILINA. , , On ne perd point le genie et le courage, lorsqu’on en a veritablement; on ne perd point l'amour des misérables, qui sont toujours en tres-grand nombre; on conserve l’es- time des gens de merite. Le malheur meme augmente quel- quefois la reputation des grands hommes; leur chute en- traine necessairement celle d’une infinite de gens de merite qui leur étaient attaches : ceux-ci out intéret de les relever. de les defendre dans le public, et se sacrilient quelquefois de tres-bon coeur pour les servir. ' . smveciom. ` V Ce que vous dites est peut-etre vrai dans une republi- _ que; mais, sous un roi, je vous dis qu’on depend unique- ' ` ment de sa volonte. _ CATILINA. Vous avez servi sous un mauvais prince qui n’etait envi- ronne que de ilatteurs, et d’esp1·its bas et mercenaires. Si vous aviez vecu sous un meilleur regue, vous auriez vu qu’on depeudait, a la vérite, de la volonte du prince, mais que la vclonté d'un prince eclaire nevenait aisement vers ceux qui se mettaient en etat cle le bien servir, qui avaient pour eux la voix publique, et des creatures pour rappeler it Yesprit du maitre leurs talents, dans les circonstances favorables. l sexecnox. _ Je n’ai point eprouve ce que vous dites, et jiai mene une vie assez heureuse, sans suivre vos maximes. cxrtuua; Vous appelez une vie heureuse celle `que vous avez passée tout entiere avec un prince qui avait une folie barbare, qui consumait les jours et les nuits dans de longs et fasti-