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` 52 DIALOGUES. passe ma vie sur des livres , et dans mon cabinet, comme ces misérables qui n’avaieut d’autre ressource que leur ta- lent? Je vous avoue que ces gens-la avaiént bien peu d’esprit. Je les recevais chez moi, pour leur apprendre que j’avais plus d’esprit qu’eux ; je leur faisais sentir, a tout moment, O qu’ils n’taient que des sots; je les accablais quelquefois d’amitiés et d'honnetetés·; je voyais qu’ils comptaient sur moi; mais, le lendemain, je ne leur parlais plus; je ne faisais pas semblant de les voir : ils s'en allaient deses- pérés contre moi; mais je me moquais de leur colere, et je ` savais qu’ils seraient trop heureuxl que je leur accordasse encore ma protection ‘. ‘ csrinim. ‘ Ainsi, vous vous réserviez de vous attacher d’autres hom- mes plus propres a servir vos desseins; car, apparemment, vous ue comptiez pas sur le coeur de ceux que vous traitiez si mal? senscion. _ . Moi`! j’avais` la faveur de mon maitre, je n’avais besoin cle personne. Je n’aura.is pas-manqué de creatures, si j'avais voulu : les hommes se jetaient en foule au·devant de moi; mais je me contentais de ménager les, grands et ceux qui approchnient Fempereur ; j’étais inexorable pour les autres, qui me recherohaient parce que je pouvais leur etre utile, et qui, eux-memes, n’étaieut bous it rien. CATILINA. Et que seriez-vous devenu, si Néron eut cessé de vous aimer? (les grands, qui. étaient tous jaloux 'de votre for- tune, vous auraient·ils soutenu_ dans vos disgraices? Qui. vous aurait regretté? qui vous eut plaint ? qui aurait pris votre parti contre le peuple, anime contre vous par votre orgueil et votre mollesse?

  • liapprocbez de la. 26' Réflexion (sur les Guns do lcttres). -— G.