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D IM.0 G U E S. 35 COIlSBl'V€, par Collséqllellt, pafmi lcs h0mmBS, I6 meme mé· rite qui le fait admirer dans son cabinet? ` · moment-:. . Les gens qui rélléchissent saizent tout cela, mon cher ami ; mais ces gens·la sont en petit nombre. O LE lt1UNE HOMAtE._ . Hel pourquoi s’embarrasser des autres? ` . - e ‘ ' MOLIERE? O Parce qu’on a besoin de tout le monde.; parce qu’ils sont . les plus forts; parce qu’on en soulfre du mal, quand on n’en recoit pas de bien; enlin, parce .qu’un homme qui a les vues un peu grandes voudrait régner, s’il_ pouvait, dans tous les esprits, et qu’on est toujours inconsolable de n’obte- nir que la moindre partie de ce qu' on mérite ‘.

  • Dans le temps ou Vauvenargues écrirait ce dialogue, il y await encore en

France beaucoup de ces esprits médiocres qui croyaient se distinguer de la foule en méprisant les plus beaux ¢ll8[S—d’(B�Vl9 do l’ant.iquité,‘ qu’ils étaiont incapables de comprendre et de iuger : ils s’imagina.ient. montrer do la force d’esprit et de la philosophic, en atfectant de dédaigner ce qui avait été consa- cré par Padmiration des siécles. L’origine de cette manie ridicule remonte · aux dernieres années du dix-septieme sikcle; elle se perpétua dans le dix—hui- tieme par Pinlluence de La Motte, qui n’ét.ait point un écrivain sans méritc, mais dont In littérature était tres-bornée, et surtout par Pintluence de Fon- tenelle, qui fut pendant cinquante ans A la tete des lnommes de lettres. Fon- tenelle était un homme extrcmement adroit, qui avait d’autres titres A la rehomméo que ses travaux purement littéraires, et qui; sentant ce qui lui manquait, aurait volontiers rabaiasé les chefs-d’¤euvro qu?il ne pouvait égaler. ll sudisait d’ailleurs que Boileau et Racine, contre lesquels il nourrit une inimitié séculaire. se fussent prononoés en favour de la raison et des anciens, pour qu’il penchtt du cété opposé. On peut rapporter A ce philosophe, si modéré en upparence,`la plupart des Iiérésies iitteraires qui ont obtenu quel- que credit dans le_ dernier slécle; et peut—etre meme le gout se serait-il en- tierement corrompu, si des' hommes tels que Voltaire, Montesquieu, Bullon, Bousse•u,n’eussent maintenu ses principes par leurs leqons et par leurs exem- ples. Les écrivains du dix-septieme siecle n’étaient pas mieux traités par Fon- tenelle que les anciens. Il ne pardonna jamais A Racine et A Boileau les épi- grammes qu’ils avaient lancées contre sa malheureuse tragédied’Aspar. ll no ’ rengiait pas au premier la justice qui lui était due; et rofusait le genie A l’au- , teur de l’A1·¢po¢tique. II aurait meme volontiérs attaqué ifoltaire, si la crainte des représailles n’eut uu peu refroidi son ressentiment contre un homme qui avait tant de supériorité sur lui. ` N ous sommes tres-heureusement délivrés de ces opinions fausses et ridicules qui cnt fait tant de mal dans le dernier siecle : on est revenu A l’étude et A