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. ' `l 26 DIALOGUES. 1.1-: voirrucns. Vous com parez done le genie du genre humain a un graud arbre qui n’a porté des fruits murs qu’avec_ le temps, mais qui, ensuite, a dégénéré, et a perdu sa fécondité avec sa force ? r.°Am;1ucAm. Cette comparaison me parait juste. _ · ua PORTUGAIS. · ,Mais qui vous a dit que vous eussiez atteiut, en Ameri-! que, ce point de maturité? qui vous a dit qu’apres l’avoir acquis, vous ne l’aviez pas perdu? Ne pourrais-je pas com- _ parer les arts, que nous vous avons apportés d’Europe, a la douce iulluence du printemps, qui ranime la terre languis- saute, et rend aux plautes leurs fleurs et leurs fruits? Ijignorance et la barbarie avaient ravagé la raison dans _ vos contrées, comme ‘l’hiver désole les campagnes; nous vous avons rapporté la lumiere que la barbarie avait éteinte _ dans vos ames. · L’AMERlCAIN. Je pretends, au contraire, que vous avez obscurci celle dont nous jouissions. Mais je sens que j’aurais de la peine a vous en convaiucre; il faudrait entrer dans de grauds dé- tails; et, enfiu, n’ayant point vécu dans les memes prin- cipes et dans les memes habitudes, nous aurious de la peine a nous accorder sur ce qu’on uomme la verité, la rai- son et le bonheur. 1.:-: ronrucns. _ °Nous aurions moins de disputes la-dessus que vous ue _ peusez; car je convieudrais de tres-bonue foi que la cou- tume peut plus que la raison meme pour le bien des hom- mes, et que la nature, le bonheur, la vérité meme, dépen-’ dent iniiniment d’elle ‘. Mais je suis content des principes que vous m’accordez : il me suflit que vous croyiez que la i Voir la 2' Bétlexion (Sur luvmturr el In mulume). — G.