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DIALOGUES. 23 ` I 1’état d’une nation, senteut ce que l’on peut et ce qu'on ' doit tenter; ils,connaisseut le genie des peuples, Ieurs be- soins, leurs vceux, leur puissauce; ils savent quel est l’in— téret general et dominant de l’Etat; iis reglent la·dessus leurs entreprises et leur couduite. ` ° cusnnon. Il faut avouer qu’il y a bien peu d’hommes assez habiles pour juger d’un si grand objet, peser les avantages et les iuconvénients de leurs démarches, et embrasser d’un coup d’oeil toutes les suites d’un gouvernement qui inllue quel- quefois sur plusieurs siecles, et qui est assujetti, pour son succes, a Ia disposition et au ministere des Etats voisins. mouriucus. (Test ce qui fait, mon cher Charron, qu’il y a si peu de grands rois et de grands lministres. cuinnou. . S’il vous fallait choisir entre les hommes qui ont gou- verné l’Europe depuis quelques siecles, auquel donneriez- vous la preference? . monrmcmn. _ Je serais bien embarrassé. Charles-Quint, Louis XII, Louis XIV, le cardinal de Richelieu, le chancelier Oxens- tiern, le duo d’OIivarez, Sixte¤-Quint, Ia reiue Elisabeth, ont tous gouverné avec succes et avec gloire, mais avec des principes, des moyens, et une politique différente. cmmnozv. C’est q=ue_I’état, la puissance, les moeurs, la religion, etc. , des peuples qu’ils gouvernaient dilféraient aussi beaucoup, et qu’ils ne se sont point trouvés dans les memes circon·- ' stances. ° Moxriicms. Quand ils se seraient trouvés dans la meme position, et _ auraient eu ii gouvemer, dans les memes circonstances, les memes peuples, il ne faut pas croire qu’ils eussent