l • I i DIALOGUES. 17 cabinet : c’est dans le silence de la retraite que lfame, plus A soi et plus recueillie, s’eleve A ces grandes pensees et A cet enthousiasme naturel qui transportent l’esprit, menent au sublime, et produisent tous ces grands mouvements que l’art n’a jamais excites. La lecture des grands poetes n’y est pas I inutile; mais il faut avoir le genie poetique pour saisir leur esprit, et il faut, en meme temps, avoir de la sagesse pour accorder leur style A la simplicite des sujets qu’on traite; ainsi, voilA bien des merites A rassembler. Mais, apres tout cela, mon cher Démosthene, on ne persuadera jamais au Q peuple que l’éloquence soit un art utile. ritmosrntua. . Je pretends qu’i1 n’en est aucun qui le soit davantage : il n’y a ni plaisir, ni alfaire, ni conversation, ni intrigue, ni discours public, ou l’éloquence n’ait de l’autorite; elle est necessaire aux particuliers, dans tous les details de la vie; elle est plus nécessaire aux gens en place, parce qu’el1e leur sert A mener les esprits, A colorerleurs intentions, A gouverner les peuples, A negocier avec avantage vis-A-vis des etrangers; de plus, elle repand sur toute une nation un · grand eclat, elle etemise la mémoire des grandes actions. Les etrangers sont obligés de chercher dans ses chefs-d’ozu- vre l’art de penser et de s’exprimer; elle éleve et in struit , en meme temps, l’esprit des hommes; elle fait passer peu A peu dans leurs penséesla hauteur et les sentiments qui lui sont propres. Des hommes qui pensent grandement et fortement ~ sont toujours plus disposes que les autres A se conduire avec sagesse et avec courage. isocnars. Je desire plus que personne que les hommes puissent vous croire. J _ _ ‘ _ · utnosrnlznz. lls ne me croiront point, mon cher Isocrate; car il y a bien des raisons pour que l’éloquence ne se releve jamais. Mais
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