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du pays, des troupes; des subsistances, des véritables forces de l’ennemi, de celles des places, et, enfin, des projets du général. Vos lettres sont ma consolation dans les inquié- tudes continuelles que j‘ai pour notre patrie. La nouvelle de Genes * ne nous a apporté qu’uue joie tres·courte; on commence beaucoup a craindre que cette sédition du peuple n’ait fini a son grand désavantage. Au milieu de toutes ces craintes , on voit toujours, a Paris, —le meme faste , les memes plaisirs, la meme dissipation; toujours meme jeu, toujours bonne chere, les rendez·vous aussi fréquents, et les spectacles aussi suivis qu’a l’ordinaire ’. Mais ceux qui _ savent qu’ils sont a la veille d’etre ruinés pour la vie, qui savent leurs parents et leurs amis dans la meme situation, ne peuvent prendre aucune part a ces plaisirs. Adieu, mon cher ami; je vous remercie mille fois de vos lettres, et vous embrasse tendrement.


138. — LE MÊME AU MÊME.

A Paris, le 18 janvier 1747.

J’ai tardé longtemps, mon cher Saint·Vincens, a vous remercier des nouvelles que vous avez pris la peine de me donner de notre province. Un mal au pied, qui m’empeche, depuis longtemps, de me tenir vis·a-vis de ma table pour écrire, a été cause, en partie,· de mon silence; jizi écrit quelques lettres nécessaires, mais je me suis releché, avec mes amis, de l’exactitude que je leur devais. Je suis touché, au-dela de toute expression, des peintures que vous m’avez faites de la misere de notre pays; il se ressentira longtemps des désordres de la guerre. Je vois

  • Les Génois qui, sans coup férir, s’étaient rendus aux Impériaux, le 7 septembre, regretterent bientot leur soumission. Le 5 décembre, une révolw éclata,

qui forca les Autrichiens h quitter la ville. — G.

¤ Voir la 32e Réflexion. — G.