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CORRESPONDANCE. Nt ` 125. — LE MEME AU MEME. Versailles, veudredi au soir, Q3 mai l7·t6. J’ai use, mon tres-aimable pbilosophe, de la permission que vous m`avez donnee; j’ai crayonne un des meilleurs Iivres que nous ayons en notre langue, apres Pavoir relu avec un extreme recueillement. J’y_ai admire de nouveau cette belle ame si sublime, si eloquente et si vraie; _ cette foule d’idées neuves, ou rendues d‘une inaniere si hardie, si pre- cise; ces coups de pinceau si tiers et si tendres. ll ne tient qu’a vous de separer cette profusion de diamants de quelques pierres fausses ou en- anmees d’une maniere enangere a notre langue; il {aut que ce livre soit excellent d‘un bout A l‘autre; je vous conjure de faire cet honnenr a notre nation eta vous—meme, et de rendre ce service a Pesprit hu- main. Je me ga1·de bien d’insister sur mes critiques; je les soumets ai votre raison, a votre gout, et j’exclus l’amour-propre de notre tribunal. J’ai la plus grande impatience de vous embrasser. Je vous supplie de dire a notre ami Marmontel qu’il m’envoie, sur-le·champ, ce qu’il sait bien; il n’a qu’a Padresser, par la poste, chez!. d‘Argenson, ministre des aifaires étrangeres, a Versailles. Il faut deux enveloppes, la premiere a moi, la derniere a M. d’Argenson. Adieu, belle ame et beau genie. ms. - LE Mime AU Mntmz. n Ce samedl au soir, tt mai Ute. ° J’ai apporte a Paris, Monsieur, la lettre que je vous avais ecrite a Versailles; elle ne vous en sera que plus tot rendue. J’y ajoute que la Heine vent vous lire, qu°elle en a Pempressement que vous devez in- spirer, et que si vous avez un exemplaire que vous vouliez bien m’en- voyer, il lui sera rendu, demain matin, de votre part. Je ne doute·pas qu’ayant lu l`ouvrage, elle n’ait autant d‘envie de connattre l’auteur que j’en ai d’etre honore de son amitie.