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CORRESPONDANCEQ 28I o taient pas propres au genre terrible; je jugeai selon mes lumieres; il peut arriver qu’un homme de genie fasse voir un jour le contraire. — Si mes vers n’étaient que tres-faibles, je prendrais la liberté de vous demander it quel degré; mais je crois les voir tels qu’ils sont. Je n’ai pu, cependant, me refuser de vous donner ce témoignage de l’amour que j’ai eu de tres- bonne heure pour la poésie; je l’aurais cultivée avec ardeur, si elle m’avait plus favorisé; mais la peine que me donna ce petit nombre de vers ridicules, me fit une loi d’y renou- cer. Aimez, Monsieur, malgré cette faiblesse, un homme qui aime lui-meme si passionnément tous les arts; qui vous · ` regarde, dans leur décadence, comme leur unique soutien, et respecte votre génie autant qu’il chérit vos bontés. · Vous avez eu la bonté, Monsieur, de me faire apercevoir que le commencement de mon Eloge funébre exagérait la méchanceté des homm6S;je l’ai supprimé, et [j’ai] rétabli un ancien exorde, qui peut·etre_ne vaut pas mieux. J’ai fait encore quelques changements dans le reste du discours, mais je ne vous envoie que le premier. J’espere toujours avoir le plaisir de vous voir it la fin de mai. Comme ce sera probablement, ici, la derniere lettre que j’aurai l’honneur de vous écrire, je la fais sans homes. 115. — VOLTAIBE A VAUVBNARGUES. A Versailles, ce 3 avril {H3. Vous pourriez, Monsieur, me dire comme Horace, Sic rard scribis, ut toto non qualer anno •. ce ne serait pas la seule ressemblance que vous auriez avec ce sage aimable : il a pensé quelquefois comme vous dans ses vers; mais il me semble que son cozur n’etait pas si sensible que le votre. C’est cette ' lioracc, Salina, Iivrc II, 3. — G.