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’ CORRESPONDANCE. 279 113. -— VOLTAIRE A VAUVENARGUES. SFI EN ILOGB PUNEIIB DTN Olllltilll, concs! PAI I. DB VAUVENAIGUIS, A PRAGUE '. L’état ou vous m‘apprenez que sont vos. yeux a tiré, Monsieur, des larmes des miens, et l’Elogc funebre que vous m‘avez envoyé a aug- menté mon amitié. pour vous, en augmentant mon admiration pour cette belle eloquence avec laquelle vous etes ne. Tout ce que vous dites n’est que trop vrai, en général; vous en exceptez, sans doute, l’amitié : c`est elle qui vous a inspire, et qui a rempli votre Ame de ces senti- ments qui condamnent le genre humain. Plus les hommes sont mé- chants, plus la vertu est précieuse; et l`amitié m’a toujours paru la premiere de toutes les vertus, parce quelle est la premiere de nos con- solations. Voila la premiere oraison funebre que le cceur ait dictée ’: toutes les autres sont l’ouvrage de la vanité. Vous craignez qu'jl n‘y ait un pen de déclamation : il est bien ditlicile que ce genre d‘écrire so garantisse de ce défaut; qui parle longtemps, parle trop sans doute. Je ne connais aucun discours oratoire oi1itn’y ait des longueurs; tout art a son endroit faible: quelle tragédie est sans remplissage, quelle ode sans strophes inutiles? mais, quand le bon domine, il taut etre satisiait. · D‘ailleurs, ce n’est pas pour le public que vous avez écrit; c’est pour vous, c’est pour le soulagement de votre cmur. Le mien est pénétré de Pétatoin vous etes; puissent les belles-lettres vous consolert Elles sont, en ellet, Ie charme de la vie, quand on les cultive pour elles-memes, comme elles le méritent; mais, quand on s’en sert comme d’un organe de la renommée, elles se vengent bien de ce qu’on ne leur a pas otfert un culte assez pur; elles nous suscitent des ennemis qui nous perse- cutent jusqu’au tombeau. Zoile edt été capable de l`aire tort a Homere vivant. Je sais bien que les Zolles sont détestés, qu’ils sont le mépris de toute la terre, et c’est la, précisément, ce qui les rend dangereux: on se trouve compromis, malgré qu’on en ait, avec un homme couvert d’opprobres. Je voudrais, malgré ce que je vous dis la, que _votre ouvrage tut public; car, apres tout, quel Zolle pourrait médire de ce que Pamitié,

  • Voir Plfloge d’Hippolyte de Seytrcs. — G.
  • Colle que Vauvenargues, t son tour, inspirers A Voltaire Iui·mémc, sem

la seconde. Voir l’Eloge funéhre des 0/Iiciers morts pendant la guerre dc 174I , compose, Voltaire le dit expressément, :1 Fintontion do Vnuvennrgues. —- Edi- tion Beuchot, tome 30*, page 27. —— G. _